L'examen par l'administration américaine de la R&D pharmaceutique chinoise suscite des inquiétudes sur les marchés
L'administration Trump envisagerait un décret pour restreindre la dépendance des entreprises pharmaceutiques américaines envers le développement de médicaments expérimentaux en Chine, suscitant des inquiétudes importantes chez les investisseurs et l'industrie quant aux perturbations potentielles et à l'augmentation des coûts dans les secteurs pharmaceutique et biotechnologique.
L'examen par l'administration américaine de la R&D pharmaceutique chinoise suscite des inquiétudes sur les marchés
L'administration Trump envisagerait un décret visant à restreindre l'engagement des entreprises pharmaceutiques américaines dans le développement de médicaments expérimentaux en Chine. Cette décision a introduit une incertitude significative dans les secteurs pharmaceutique et biotechnologique, compte tenu des investissements substantiels et de la dépendance croissante à l'égard de l'innovation chinoise pour les pipelines mondiaux de médicaments.
L'événement en détail
Des rapports du 10 septembre 2025 indiquent que l'administration Trump est en train de rédiger un décret pour imposer des restrictions strictes sur les produits pharmaceutiques chinois, en particulier les médicaments expérimentaux. Cette initiative vise à freiner l'industrie biotechnologique chinoise en pleine croissance, mais a soulevé des inquiétudes quant à son impact négatif potentiel sur la chaîne d'approvisionnement pharmaceutique américaine et l'accès des patients à des traitements innovants. Le projet de décret comprend des dispositions pour un examen plus strict des accords des entreprises pharmaceutiques américaines visant à acheter des droits de médicaments à des entreprises chinoises, exigeant un "examen obligatoire" par un comité de sécurité nationale américain. En outre, il propose des mesures pour décourager l'utilisation des données d'essais cliniques générées par des patients en Chine, appelant à des examens plus rigoureux de la part de la FDA et à des frais réglementaires plus élevés.
Ce changement de politique potentiel cible un segment important et en expansion rapide du marché pharmaceutique. Au cours du premier semestre de 2025 seulement, environ un tiers des dépenses mondiales de licences pharmaceutiques, soit 52 milliards de dollars, concernait des médicaments chinois. Cela représente une augmentation significative par rapport aux années précédentes, la Chine représentant 21 % des dépenses de licences en 2023 et 2024, contre un chiffre à un chiffre auparavant. Les grandes sociétés pharmaceutiques, notamment AstraZeneca, Bristol Myers Squibb, Eli Lilly et GSK, se sont collectivement engagées à hauteur d'environ 150 milliards de dollars pour obtenir des licences pour de nouveaux traitements en provenance de Chine au cours des cinq dernières années. Ces accords impliquent souvent des milliards de dollars pour garantir les droits exclusifs de développement et de vente de médicaments candidats sur les marchés étrangers, illustrant la profonde intégration de l'innovation chinoise dans les pipelines pharmaceutiques mondiaux.
Analyse de la réaction du marché
La perspective d'un examen accru des produits pharmaceutiques chinois par les États-Unis a immédiatement eu un impact sur le sentiment du marché, entraînant une volatilité accrue. Les actions des sociétés biotechnologiques chinoises cotées aux États-Unis, telles que BeiGene, Zai Lab et Legendary Biotech, ont connu des baisses initiales. De même, les grandes sociétés pharmaceutiques ayant des liens importants avec des partenariats chinois, notamment Pfizer, AstraZeneca et GlaxoSmithKline, ont vu leurs cours boursiers chuter. Par exemple, BeiGene a connu une chute de 12 % de son cours boursier intrajournalier le 10 septembre, bien qu'elle ait ensuite réduit ses pertes et rebondi de 6,93 % le 11 septembre. Cela suggère que si les réactions initiales ont été motivées par la panique, les investisseurs ont commencé à évaluer l'impact potentiel de la politique plus objectivement. Reflétant cette vision nuancée, US Capital Group a augmenté ses participations dans BeiGene (06160.HK), faisant passer son ratio de participation de 4,96 % à 5,02 %.
La réaction du marché découle des préoccupations concernant les perturbations potentielles des pipelines de recherche et développement, l'augmentation des coûts d'exploitation et les implications plus larges pour la disponibilité des médicaments. Les sociétés pharmaceutiques multinationales, notamment Pfizer, Merck et AstraZeneca, s'opposent activement à la répression proposée, soulignant leur dépendance à l'égard des entreprises de biotechnologie chinoises pour les actifs et les capacités de livraison efficaces.
Contexte plus large et implications
Ce projet de décret intervient au milieu des tensions commerciales existantes entre les États-Unis et la Chine qui ont déjà eu un impact sur le secteur pharmaceutique. En 2025, les États-Unis ont introduit un droit de douane de 10 % sur toutes les marchandises importées, avec des prélèvements plus élevés allant jusqu'à 245 % sur les ingrédients pharmaceutiques actifs (API) chinois et 25 % sur les dispositifs médicaux du Canada et du Mexique. Étant donné que les API chinois sont utilisés dans environ 40 % des médicaments génériques américains, ces droits de douane devraient augmenter considérablement le prix de ces composants cruciaux, ce qui pourrait entraîner une augmentation des coûts de production pour les entreprises américaines et d'éventuelles pénuries de médicaments génériques. En représailles, la Chine a imposé des droits de douane de 125 % sur les exportations pharmaceutiques américaines, un coup dur pour les entreprises pharmaceutiques américaines compte tenu de la part substantielle de la Chine sur le marché pharmaceutique mondial.
Malgré ces vents contraires géopolitiques, la Chine est rapidement passée d'un fabricant sous contrat d'API à une source importante de médicaments innovants mondiaux. Ce "transfert de pouvoir pharmaceutique" est motivé par l'efficacité de la R&D de la Chine, ses avantages en termes de coûts et son environnement politique favorable. On estime que d'ici 2040, les médicaments développés en Chine pourraient générer environ 220 milliards de dollars de revenus en dehors de la Chine, représentant 35 % du montant total approuvé par la FDA américaine. Cette tendance est particulièrement attrayante pour les sociétés pharmaceutiques multinationales confrontées à un besoin urgent de reconstituer leurs pipelines innovants en raison des "falaises de brevets" imminentes pour les médicaments à succès, certains avec des ventes annuelles dépassant 10 milliards de dollars, entre 2025 et 2030. Les actifs biotechnologiques chinois offrent une solution plus rentable, avec des paiements initiaux environ 60 % à 70 % inférieurs et des tailles d'opérations totales 40 % à 50 % inférieures par rapport à leurs homologues mondiaux.
Des exemples spécifiques soulignent cette tendance. Les analystes de Morgan Stanley estiment qu'AstraZeneca seule a signé des accords de licence d'une valeur de plus de 13,6 milliards de dollars avec cinq entreprises chinoises au premier semestre 2025, y compris un accord de 5,2 milliards de dollars avec CSPC PHARMA. Pfizer a également conclu un accord important avec 3SBIO pour des médicaments contre le cancer, évalué jusqu'à 6 milliards de dollars. Jefferies rapporte qu'au premier semestre 2025, la Chine représentait 18 % du nombre total mondial d'accords de licence avec des sociétés pharmaceutiques multinationales et un tiers du montant de la transaction.
Commentaire d'expert
> "Un simple décret réglementaire ne peut entraver les tendances de l'industrie ; de nombreuses institutions restent optimistes quant au développement de produits pharmaceutiques innovants", note un rapport, reflétant une perspective selon laquelle les moteurs sous-jacents de la collaboration, tels que l'efficacité de la R&D et le besoin pressant de nouveaux traitements, persisteront.
Les analystes de Jefferies soulignent le changement stratégique où les biotechs chinoises offrent des remèdes abordables pour alléger la pression sur les multinationales, particulièrement dans des domaines thérapeutiques clés comme l'oncologie, les maladies auto-immunes et les affections cardiovasculaires. Le volume croissant des accords de développement commercial, qui a presque doublé, passant de 65 en 2020 à 125 l'année dernière, illustre davantage l'interdépendance croissante.
Perspectives
Le projet de décret introduit une incertitude considérable pour les secteurs pharmaceutique et biotechnologique. À court terme, des efforts de lobbying accrus de la part des grandes sociétés pharmaceutiques sont anticipés alors qu'elles chercheront à influencer la portée et la mise en œuvre finales de toute nouvelle réglementation. Les implications à long terme pourraient inclure une réorientation des investissements en R&D, une augmentation potentielle des coûts de développement de médicaments pour les entreprises américaines si elles réduisent leur dépendance à l'égard de partenaires chinois rentables, et d'éventuelles perturbations de la chaîne d'approvisionnement. La situation est également susceptible d'intensifier les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine dans le secteur des soins de santé. Les investisseurs suivront de près les annonces futures de l'administration Trump et les réponses des sociétés pharmaceutiques américaines et chinoises pour discerner l'impact ultime sur le développement mondial de médicaments et la dynamique du marché.