Les menaces tarifaires renouvelées impactent les actions américaines, le secteur de la beauté en déclin
Les marchés boursiers américains ont clôturé en forte baisse vendredi, les investisseurs ayant réagi à une résurgence des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine. La menace du président Trump d'une augmentation "massive" des droits de douane sur les importations chinoises a entraîné un déclin généralisé du marché, le secteur de la beauté connaissant des reculs particulièrement notables.
L'événement en détail : les tarifs sur les importations chinoises
Vendredi, le président Donald Trump, via son réseau Truth Social, a annoncé que les États-Unis étaient en train de "calculer" une "augmentation massive des tarifs sur les produits chinois entrant aux États-Unis d'Amérique". Cette déclaration a fait suite aux actions de la Chine concernant les minéraux de terres rares et a signalé une potentielle escalade du différend commercial entre les deux plus grandes économies du monde. Trump a ensuite indiqué qu'un tarif supplémentaire de 100 % sur les produits chinois serait imposé à partir du 1er novembre.
En réponse à ces développements, l'action Estee Lauder (EL) a chuté de 6,73 % vendredi après-midi, se négociant à 87,65 $. E.l.f. Beauty (ELF) a connu une chute encore plus prononcée, baissant de 10,54 %. Le marché plus large a également ressenti l'impact : le Nasdaq Composite, à forte composante technologique, a dégringolé de 3,6 %, soit 820 points, malgré des sommets intrajournaliers records plus tôt. L'indice de référence S&P 500 a plongé de 2,7 %, soit 182 points, tandis que le Dow Jones Industrial Average, valeur phare, a baissé de 1,9 %, soit 878 points. Les trois principaux indices ont enregistré des baisses hebdomadaires d'au moins 2,4 %.
Analyse de la réaction du marché : préoccupations de coûts et compression de la rentabilité
La réaction du marché a été principalement motivée par des préoccupations concernant l'augmentation des coûts et la compression potentielle des marges bénéficiaires pour les entreprises ayant une exposition significative à la fabrication et aux chaînes d'approvisionnement chinoises. Pour E.l.f. Beauty, environ 75 % de ses produits proviennent de Chine continentale, ce qui la rend très vulnérable aux augmentations tarifaires. Cette vulnérabilité était évidente dans les résultats du premier trimestre fiscal 2026 de l'entreprise, où le bénéfice net a chuté de 30 % d'une année sur l'autre pour atteindre 33,3 millions de dollars, en grande partie en raison de l'impact des tarifs chinois sur la rentabilité. Malgré le dépassement des attentes de Wall Street en matière de revenus et de croissance des ventes de 9 %, la marge brute de l'entreprise s'est contractée d'environ 215 points de base pour atteindre 69 %, soulignant le fardeau financier direct de ces tarifs.
D'autres entreprises ont également ressenti la pression ; Amazon (AMZN), qui devrait souffrir de l'augmentation des tarifs sur les produits fabriqués en Chine, a chuté de 5 %, entraînant les baisses du Dow. Le rendement du Trésor à 10 ans est tombé à 4,06 % contre 4,14 %, reflétant un déplacement vers des actifs plus sûrs, tandis que les prix du pétrole brut ont également baissé.
Contexte plus large et implications : diversification de la chaîne d'approvisionnement et pouvoir de fixation des prix
Cette friction commerciale renouvelée fait écho aux différends précédents et souligne les défis persistants de la dépendance des chaînes d'approvisionnement mondiales. La performance d'E.l.f. Beauty illustre le double défi de maintenir l'élan des ventes tout en naviguant dans les pressions de coûts induites par les tarifs. Malgré la baisse des bénéfices, l'entreprise a enregistré son 26e trimestre consécutif de croissance et a gagné des parts de marché, démontrant une forte demande des consommateurs, en particulier pour ses gammes de produits abordables.
Cependant, toutes les entreprises de beauté ne sont pas également exposées. Les analystes de Morningstar suggèrent que certaines grandes marques de mode et de beauté pourraient être mieux positionnées pour absorber les impacts tarifaires en raison de leur pouvoir de fixation des prix considérable — avec des marges brutes moyennes de plus de 70 % — et de la flexibilité de leurs chaînes d'approvisionnement mondiales. Par exemple, Estee Lauder et Coty exploitent des usines aux États-Unis depuis des décennies, offrant potentiellement des voies pour relocaliser la production et atténuer l'exposition tarifaire. La récente abolition d'une exonération fiscale sur les petits colis aux États-Unis, soumettant les cosmétiques coréens importés à un tarif de 15 %, indique en outre une tendance plus large à l'augmentation des barrières commerciales impactant l'industrie mondiale de la beauté.
Malgré le ralentissement immédiat du marché, certains analystes maintiennent une vision optimiste à long terme pour les acteurs clés du secteur de la beauté. Le même jour des menaces tarifaires, JPMorgan a maintenu une recommandation "Surpondérer" pour E.l.f. Beauty et a relevé son objectif de prix de 130 $ à 168 $, suggérant une confiance dans la force sous-jacente de l'entreprise et sa capacité à surmonter les difficultés. De même, JPMorgan a ajusté l'objectif de prix d'Estee Lauder à 114 $ contre 99 $, en maintenant également une note "Surpondérer". Morningstar a également maintenu son estimation de juste valeur pour Estee Lauder à large fossé à 120 $, considérant la liquidation comme une surréaction potentielle étant donné la possibilité de revirements de politique et la capacité des entreprises à manœuvrer.
Perspectives : stratégies d'atténuation et incertitude continue
En réponse au paysage tarifaire, les entreprises mettent en œuvre diverses stratégies. E.l.f. Beauty a déjà introduit des augmentations de prix de 1 $ sur l'ensemble de son portefeuille de produits pour compenser partiellement la hausse des coûts. En outre, l'entreprise étend activement sa présence internationale, notamment dans les magasins Sephora de six marchés du Moyen-Orient (EAU, Arabie saoudite, Qatar, Bahreïn, Koweït et Oman), comme une mesure stratégique pour se diversifier au-delà du marché américain et se prémunir contre la volatilité nationale. L'incertitude entourant les futures politiques tarifaires a conduit E.l.f. Beauty à suspendre ses prévisions pour l'année complète, ne fournissant que des projections pour le premier semestre qui anticipent une croissance des ventes nettes supérieure à 9 % mais des marges EBITDA ajustées d'environ 20 %, une diminution par rapport à 23 % pour la période de l'année précédente. L'efficacité de ces stratégies d'atténuation et la trajectoire des relations commerciales américano-chinoises seront des facteurs critiques que les investisseurs devront surveiller dans les semaines et les mois à venir.
source :[1] Les tarifs rendent les actions de beauté moins attrayantes (https://finance.yahoo.com/m/b9d7b3ce-5d18-300 ...)[2] Actualités des marchés, 10 oct. 2025 : Les actions clôturent en forte baisse alors que les tensions commerciales américano-chinoises reprennent ; les principaux indices affichent des pertes hebdomadaires - Investopedia (https://vertexaisearch.cloud.google.com/groun ...)[3] JPMorgan ajuste l'objectif de prix d'Estee Lauder de 99 $ à 114 $, maintient la notation Surpondérer | MarketScreener (https://vertexaisearch.cloud.google.com/groun ...)