L'indice des prix à la consommation chinois est retombé en déflation en août, se contractant de 0,4% sur un an, signalant une faiblesse persistante de la demande et ravivant les inquiétudes concernant la trajectoire économique du pays et ses implications mondiales.
L'IPC chinois entre en territoire déflationniste en août dans un contexte de faible demande
Les marchés boursiers américains ont clôturé en ordre dispersé alors que les marchés mondiaux digéraient la nouvelle selon laquelle l'Indice des prix à la consommation (IPC) de la Chine est tombé en territoire déflationniste en août, marquant un développement économique significatif qui pourrait avoir des répercussions sur les économies internationales. Les dernières données indiquent une faiblesse persistante de la demande intérieure au sein de la deuxième plus grande économie mondiale.
L'événement en détail : Données de déflation d'août
L'Indice des prix à la consommation (IPC) officiel de la Chine a reculé de 0,4% en glissement annuel en août 2025, un déclin plus marqué que les 0,2% anticipés et un retour notable à la déflation après être resté stable en juillet. C'est la première lecture négative de l'IPC pour la Chine depuis mai. Parallèlement, l'Indice des prix à la production (IPP) a baissé de 2,9% en glissement annuel en août, prolongeant une série de déflation des prix à la production à 35 mois consécutifs. Bien que l'IPC global ait connu un déclin, l'IPC de base, qui exclut les prix volatils des aliments et de l'énergie, a montré une modeste augmentation de 0,9% en glissement annuel, atteignant son niveau le plus élevé depuis février 2024.
Cependant, cette amélioration marginale de l'inflation de base n'a pas compensé les pressions déflationnistes plus larges. Les prix des denrées alimentaires ont connu une baisse plus profonde de 4,3% en août par rapport à 2,7% en juillet, avec des baisses significatives observées pour le porc, les légumes frais et les fruits. La déflation des biens de consommation durables s'est également intensifiée, chutant de 3,7% le mois dernier contre 3,5% en juillet.
Analyse de la réaction du marché : Défis structurels et réponses politiques
Le retour de la Chine à la déflation reflète de profonds défis structurels, principalement dus à un secteur immobilier en difficulté, qui représente environ 30% du PIB, avec des investissements immobiliers en baisse de 12% en glissement annuel au premier semestre 2025. La faiblesse de la demande des consommateurs, exacerbée par des taux d'épargne élevés et l'insécurité de l'emploi, a encore plus freiné les dépenses. Cette dynamique suggère que les outils monétaires et fiscaux traditionnels à eux seuls pourraient ne pas suffire à résoudre les problèmes profondément enracinés.
Les décideurs politiques ont intensifié leurs efforts pour faire face aux pressions déflationnistes. Les mesures comprennent des subventions pour l'échange d'anciens appareils ménagers et la couverture d'une partie des coûts des intérêts des prêts à la consommation. Les principales initiatives politiques envisagées comprennent l'augmentation du ratio du déficit budgétaire à 4% du PIB contre 3% en 2025, l'émission de davantage d'obligations du Trésor à très long terme et la mise en œuvre d'une "politique monétaire modérément souple". Il existe également un potentiel de réduction de 40 points de base des taux directeurs par la Banque populaire de Chine (PBOC), ce qui représenterait la plus forte réduction depuis 2016.
Contexte plus large et implications : Effets d'entraînement mondiaux
Les pressions déflationnistes persistantes en Chine ont des implications mondiales importantes. Une déflation continue pourrait entraîner un affaiblissement supplémentaire des bénéfices des entreprises multinationales ayant une exposition substantielle au marché chinois. Elle pourrait également faire pression sur la Banque populaire de Chine pour qu'elle mette en œuvre des mesures d'assouplissement monétaire plus agressives, ce qui pourrait potentiellement avoir un impact sur les marchés mondiaux des devises et les prix des matières premières.
De plus, le problème de surcapacité de la Chine dans plusieurs secteurs, y compris les panneaux solaires, les batteries au lithium et les véhicules électriques, a atteint des niveaux critiques. Cette surcapacité intensifie les tensions avec les principaux partenaires commerciaux comme les États-Unis et l'Union européenne et pourrait entraîner une augmentation des tarifs douaniers sur les produits chinois, ce qui affecterait davantage les flux commerciaux mondiaux. L'économie mondiale est confrontée à une réduction de la demande de matières premières de la part de la Chine, ce qui complique les efforts de normalisation de l'inflation des banques centrales du monde entier.
Commentaires d'experts
Les économistes s'attendent largement à ce que les pressions déflationnistes en Chine persistent bien en 2026, l'IPP devant rester négatif tout au long de cette année. L'atteinte de l'objectif d'inflation de 2% du gouvernement semble de plus en plus difficile à court terme.
"Avec une faible demande intérieure et une surcapacité persistante, nous doutons qu'il y ait beaucoup d'amélioration dans l'environnement déflationniste de la Chine à court terme", ont noté les analystes de Capital Economics.
Perspectives : Un chemin dépendant des mesures de relance et de réforme
La voie vers la reprise économique en Chine dépend fortement de l'efficacité des mesures de relance de la demande et de la réussite des efforts de consolidation de l'offre. Sans une amélioration substantielle de la consommation intérieure, l'économie chinoise risque de rester piégée dans un cycle de faible croissance et de déflation. Les facteurs clés à surveiller dans les jours et semaines à venir comprennent toute annonce supplémentaire concernant les ajustements de la politique budgétaire et monétaire, ainsi que l'impact initial des mesures récemment mises en œuvre sur les dépenses des consommateurs et la production industrielle. Le succès ou l'échec de ces réponses politiques aura des conséquences durables sur le paysage économique mondial.



