Le rendement des obligations du Trésor américain à 10 ans oscille autour de 4,1 % alors que les marchés anticipent une baisse des taux de la Réserve fédérale la semaine prochaine, signalant un virage stratégique dans la politique monétaire. Cette focalisation nationale sur l'assouplissement des conditions financières contraste avec la hausse des rendements obligataires en France, reflétant une instabilité économique et politique croissante dans la zone euro.

Synthèse d'ouverture

Les marchés boursiers et obligataires américains surveillent de près la trajectoire du rendement des obligations du Trésor à 10 ans, qui se situe actuellement autour de 4,1 %. Ce niveau persiste alors que la Réserve fédérale se prépare à une baisse des taux d'intérêt anticipée la semaine prochaine, marquant un pivot significatif dans la politique monétaire. Le paysage économique intérieur, caractérisé par un affaiblissement des marchés du travail et des attentes d'inflation modérées, contraste avec les récents développements dans la zone euro, où l'instabilité politique en France contribue à une pression à la hausse sur les rendements des obligations souveraines.

Le rendement des obligations du Trésor à 10 ans et la politique de la Réserve fédérale

Le rendement des obligations du Trésor américain à 10 ans a récemment légèrement augmenté pour atteindre 4,058 %, mais reste autour de 4,1 %. Un an auparavant, au début du cycle de réduction des taux précédent de la Réserve fédérale, le rendement était nettement inférieur à 3,6 %. Au cours de ce cycle, un total de 100 points de base de réductions a coïncidé avec une augmentation significative du rendement à 10 ans, passant de 3,6 % à 4,8 %. Les acteurs du marché intègrent désormais les attentes de la Réserve fédérale de mettre en œuvre une réduction de 25 points de base de son taux directeur la semaine prochaine, ce qui ramènerait la fourchette cible de 4,25 %-4,50 % à 4,00 %-4,25 %. L'outil FedWatch du CME indique que les traders anticipent trois de ces réductions cette année.

Cet assouplissement anticipé de la politique monétaire est principalement motivé par des signes de refroidissement du marché du travail américain, y compris une croissance stagnante de l'emploi en août, des révisions à la baisse des chiffres d'emploi précédents et une augmentation du taux de chômage à 4,3 % en août. Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a fait allusion à la possibilité de tels ajustements de taux.

Attentes du marché et indicateurs économiques

Le rendement actuel d'environ 4 % sur le bon du Trésor à 10 ans suggère que les investisseurs s'attendent à ce que les anticipations d'inflation restent ancrées, comme l'a souligné Phil Camporeale de J.P. Morgan Asset Management. Cependant, les résultats préliminaires de l'enquête sur le sentiment des consommateurs de septembre de l'Université du Michigan ont révélé que les anticipations d'inflation à long terme ont augmenté pour le deuxième mois consécutif à 3,9 %, bien qu'elles restent inférieures aux 4,4 % observés en avril.

Un indicateur crucial pour la santé économique est l'inversion de la courbe des rendements. Fin août 2025, le rendement du Trésor à 10 ans à 4,10 % était inférieur au taux du Trésor à 3 mois de 4,30 %, créant un écart négatif de 20 points de base. Historiquement, une courbe des rendements inversée a précédé chaque récession américaine depuis les années 1960, signalant un risque accru de ralentissement économique à court terme. Cela, associé à un ralentissement de la croissance du PIB à 1,4 %, renforce les préoccupations concernant l'élan économique.

Évolutions européennes et contexte mondial

Contrairement à la trajectoire de la politique monétaire américaine, la Banque Centrale Européenne (BCE) a maintenu les taux d'intérêt inchangés, son taux directeur restant à 2 %. Cette décision intervient alors que l'inflation dans la zone euro ralentit, s'alignant sur l'objectif de 2 % de la BCE, avec des projections suggérant qu'elle pourrait passer en dessous de ce niveau l'année prochaine.

Parallèlement, la France est aux prises avec d'importants défis politiques et économiques. L'effondrement du gouvernement français et les changements ministériels qui ont suivi ont exacerbé les inquiétudes concernant les finances publiques du pays. La dette de la France s'élève actuellement à environ 3,3 billions d'euros, représentant 113,9 % du PIB, et devrait passer à près de 120 % du PIB d'ici 2026. Le déficit budgétaire pour 2024 était de 5,8 % du PIB, dépassant les valeurs de référence convenues par la Commission européenne. Cette crise croissante a entraîné une forte augmentation des rendements obligataires français.

« La différence entre l'obligation française à 10 ans et son équivalent allemand a oscillé autour de 80 points de base, proche des sommets atteints lors de l'annonce initiale du vote de confiance », a noté Mitch Reznick, responsable mondial des titres à revenu fixe chez Federated Hermes Limited.

La BCE suit de près la manière dont ces développements, ainsi que la politique commerciale américaine et la position budgétaire de l'Allemagne, pourraient avoir un impact sur la croissance et l'inflation dans la zone euro.

Implications pour les investisseurs

Les baisses de taux anticipées de la Réserve fédérale devraient réduire les coûts d'emprunt dans l'économie américaine, stimulant potentiellement les dépenses de consommation et les investissements des entreprises. Les secteurs sensibles aux taux d'intérêt, tels que l'immobilier et les valeurs technologiques, sont largement considérés comme des bénéficiaires potentiels, susceptibles de connaître des réactions positives et de faire grimper les valorisations.

Cependant, l'inversion de la courbe des rendements, combinée à l'affaiblissement des données du marché du travail, indique une probabilité élevée de récession à court terme. Il est conseillé aux investisseurs d'envisager des changements stratégiques vers les secteurs défensifs, des stratégies de couverture et des portefeuilles obligataires équilibrés pour traverser cette période d'incertitude des marchés. Bien qu'une baisse à court terme des taux américains à long terme soit attendue, les perspectives de rendements structurellement plus bas sont contraintes par les lectures d'inflation anticipées, l'inflation américaine devant passer de son niveau actuel de 3 % à la zone de 3,5 % aux troisième et quatrième trimestres.

Perspectives

Les semaines à venir seront critiques alors que les marchés digéreront la décision sur les taux de la Réserve fédérale et surveilleront les données économiques à venir. Les facteurs clés à surveiller comprennent les rapports sur l'inflation supplémentaires, les statistiques du marché du travail et tout changement dans la position de la BCE ou les développements concernant la situation budgétaire française. Les politiques monétaires divergentes entre les États-Unis et la zone euro, associées aux considérations géopolitiques, continueront de façonner les rendements obligataires mondiaux, les marchés des devises et le sentiment des investisseurs sur les marchés boursiers.