Résumé Exécutif
Le Comité européen du risque systémique (CERS) a publié une recommandation visant à interdire certains stablecoins à émissions multiples opérant à travers l'Union européenne et d'autres juridictions. Cette orientation non contraignante, mais influente, vise à répondre aux préoccupations concernant les risques pour la stabilité financière posés par les opérations transfrontalières de stablecoins. Cette mesure cible spécifiquement les modèles employés par de grands émetteurs comme Circle et Paxos, dont les jetons sont fongibles à l'échelle mondiale mais dont les réserves sont potentiellement réparties entre différents environnements réglementaires. Cette recommandation s'aligne sur les appels croissants de la Banque centrale européenne (BCE) à une surveillance plus stricte des entités de stablecoins non-UE et intervient alors que l'UE avance ses plans pour un lancement potentiel de l'euro numérique d'ici 2029. Si elle est adoptée, la proposition remodèlerait considérablement le marché des stablecoins au sein de l'UE, pouvant entraîner des changements de modèle opérationnel pour les émetteurs existants et accélérant l'adoption d'alternatives conformes à MiCA.
L'événement en détail
Récemment, le Comité européen du risque systémique (CERS), un organisme de surveillance de l'UE, a recommandé l'interdiction de certains stablecoins émis conjointement dans l'UE et d'autres juridictions. Cette recommandation, bien que non juridiquement contraignante, a un poids considérable et pourrait inciter les autorités de l'UE à imposer des restrictions aux principaux émetteurs de stablecoins tels que Circle Internet Group Inc. et Paxos Inc. Les lignes directrices du CERS, qui ont reçu l'approbation des gouverneurs de banques centrales et des responsables de l'UE, soulignent les préoccupations concernant les asymétries de liquidité, les vulnérabilités opérationnelles et les ambiguïtés juridiques potentielles. Ces problèmes surviennent particulièrement lorsque les détenteurs non-UE tentent de réclamer des réserves auprès d'émetteurs basés dans l'UE. Ce développement fait suite aux avertissements précédents de la Présidente de la BCE, Christine Lagarde, concernant les stablecoins émis par des entités non-UE et les risques associés pour la stabilité financière au sein du bloc.
Mécanismes financiers et risques
L'examen du CERS se concentre sur les stablecoins à émissions multiples, qui se caractérisent par un jeton unique géré par plusieurs entités juridiques à travers différentes juridictions. Dans ce modèle, les jetons sont fongibles et indiscernables, mais leurs réserves de garantie sont réparties sur divers cadres juridiques. Par exemple, si les détenteurs de l'UE initient des demandes de rachat massives, un manque de liquidité pourrait survenir si le total des garanties au sein de la juridiction de l'UE est insuffisant pour répondre à la demande. La présentation d'avril de la BCE a souligné que les réserves des émetteurs de pays tiers, souvent investies dans des actifs libellés en dollars, pourraient nuire au programme de l'Union de l'épargne et de l'investissement de l'UE. Cette structure pourrait déstabiliser le système financier de l'UE si des détenteurs étrangers déclenchent des demandes de rachat qui dépassent les réserves disponibles. La Présidente Lagarde a spécifiquement averti que « les réserves détenues dans l'UE pourraient ne pas être suffisantes pour répondre à une telle demande concentrée » en cas de panique, soulignant la préférence pour le rachat dans les juridictions dotées de garanties plus solides, telles que l'UE sous MiCAR. La dépendance à l'égard des actifs libellés en dollars introduit également des risques d'accès au marché pour l'UE et soulève des préoccupations concernant la fragmentation juridique due aux différentes normes de surveillance, que le CERS a identifiées comme une vulnérabilité systémique.
Stratégie commerciale et positionnement sur le marché
La recommandation du CERS remet directement en question les modèles opérationnels des émetteurs de stablecoins tels que Circle et Paxos, qui utilisent des systèmes d'émissions multiples. Ces systèmes permettent aux émetteurs de stablecoins non-UE, qui ont établi une position de marché oligopolistique, de potentiellement bénéficier d'un « sceau d'approbation » MiCAR sans adhérer pleinement aux exigences et aux garanties de l'UE. La BCE soutient que ce modèle biaise les résultats du marché en faveur des émetteurs de pays tiers et entrave la compétitivité des stablecoins libellés en EUR, empêchant potentiellement leur développement en tant qu'actifs de règlement pour les plateformes de tokenisation de l'UE. La stratégie implicite des stablecoins à émissions multiples existants, consistant à opérer à l'échelle mondiale avec une gestion localisée des réserves, est désormais soumise à une forte pression réglementaire au sein de l'UE, nécessitant une réévaluation de leur empreinte opérationnelle et de leurs cadres de conformité pour s'aligner sur les nouvelles normes potentielles de l'UE ou risquer l'exclusion du marché.
Implications plus larges pour le marché
L'interdiction potentielle des stablecoins à émissions multiples dans l'UE introduit une incertitude significative pour l'écosystème Web3 plus large et les tendances d'adoption des entreprises dans la région. Les impacts à court terme pourraient inclure une réduction de la liquidité et de la disponibilité des stablecoins en Europe, entraînant des défis opérationnels pour les entités qui dépendent de ces actifs numériques. À long terme, ce changement réglementaire pourrait remodeler le paysage des stablecoins, obligeant les grands projets à adapter leurs stratégies européennes ou à se retirer potentiellement du marché. Cette mesure pourrait également accélérer le développement et l'adoption d'un euro numérique, que la BCE suggère de lancer d'ici 2029, limitant l'influence croissante des stablecoins adossés au dollar dans les transactions quotidiennes. Cette action réglementaire d'un bloc économique majeur pourrait également créer un précédent pour d'autres juridictions envisageant des mesures similaires pour protéger la souveraineté et la stabilité financières.
Contexte plus large
La recommandation du CERS s'inscrit dans le cadre d'une poussée réglementaire plus large au sein de l'UE visant à établir un cadre robuste et multi-niveaux pour les crypto-actifs. Le règlement sur les marchés des crypto-actifs (MiCA), dont le déploiement a commencé en décembre 2024, vise à normaliser l'octroi de licences, à appliquer des mesures de lutte contre le blanchiment d'argent et à garantir la résilience opérationnelle dans l'ensemble des 27 États membres. MiCA classifie et réglemente divers crypto-actifs, fixant des obligations claires pour les fournisseurs de services sur crypto-actifs (PSAN). L'accent mis par la BCE sur les stablecoins soutient également son initiative en cours pour un euro numérique, destiné à renforcer l'infrastructure de paiement de l'Europe et à réduire la dépendance à l'égard des fournisseurs privés et des monnaies numériques libellées en devises étrangères. Piero Cipollone, membre du directoire de la BCE, a indiqué que les États membres de l'UE pourraient s'entendre sur un cadre pour l'euro numérique d'ici la fin de l'année, avec un lancement prévu en 2029. Cette initiative vise à fournir une forme de monnaie de banque centrale sûre, fiable et universellement accessible pour l'ère numérique, coexistant avec l'argent liquide physique pour maintenir la résilience financière de l'Europe.
source :[1] L'organisme de surveillance de l'UE pousse à l'interdiction des stablecoins : Rapport (https://cointelegraph.com/news/european-union ...)[2] Le CERS exhorte à l'interdiction des stablecoins pour freiner les risques financiers transfrontaliers dans l'UE - AInvest (https://vertexaisearch.cloud.google.com/groun ...)[3] La présidente de la BCE appelle à résoudre les risques liés aux stablecoins non-UE - Cointelegraph (https://cointelegraph.com/news/ecb-president- ...)