Le Vérificateur général ouvre une enquête sur le Fonds ontarien de développement des compétences
Le Fonds ontarien de développement des compétences (FDC), une initiative de financement provincial totalisant 2,5 milliards de dollars depuis 2020, fait désormais l'objet d'une enquête du Vérificateur général. L'enquête fait suite aux préoccupations persistantes soulevées par le Syndicat des employés de la fonction publique de l'Ontario (OPSEU/SEFPO) concernant l'allocation d'importantes sommes d'argent des contribuables à des sociétés privées, avec ce que le syndicat décrit comme une transparence et une responsabilisation insuffisantes. L'audit vise à examiner méticuleusement les processus et les systèmes du ministère du Travail, de l'Immigration, de la Formation et du Développement des compétences pour la gestion du volet de formation du FDC, qui est passé d'un programme de réponse à la pandémie à un incubateur clé pour la formation postsecondaire privatisée.
Examen minutieux des attributions de subventions et des bénéficiaires
L'OPSEU/SEFPO a mis en lumière plusieurs cas de subventions qui ont attiré un examen public et syndical considérable. Parmi celles-ci figurent une subvention de 23 millions de dollars à Merit OpenShop, une organisation connue pour sa position anti-syndicale, et 43 millions de dollars distribués à huit filiales de Merit Ontario. Une subvention de 11 millions de dollars accordée à Scale Hospitality, une chaîne de restaurants de la région de Toronto, soulève également des questions. Cette subvention particulière aurait été approuvée malgré un score de candidature de seulement 51% et une soumission tardive de l'entreprise, le syndicat suggérant une influence politique due au lobbying d'un ancien membre du personnel de Ford.
Un autre bénéficiaire important, Agnico Eagle Mines Limited (AEM), a reçu 10 millions de dollars de fonds du FDC en 2025 pour former 150 travailleurs. Cette attribution a été critiquée, notamment lorsqu'elle est juxtaposée à la solide performance financière de l'entreprise. Agnico Eagle Mines a annoncé de solides résultats pour le deuxième trimestre 2025, avec un bénéfice par action (BPA) de 1,94 CAD, dépassant la prévision de 1,75 CAD. La société a également affiché un chiffre d'affaires record de 2,8 milliards de CAD, dépassant la prévision de 2,65 milliards de CAD. Suite à ces annonces, les actions d'AEM ont enregistré une hausse de 1,94% en préouverture. Bien qu'elle ait déclaré des liquidités record et engagé 120 millions de dollars dans des rachats d'actions, en plus d'environ 800 millions de dollars en dividendes annuels, l'entreprise a accepté des fonds publics pour la formation. Le président de l'OPSEU/SEFPO, JP Hornick, a remis en question la logique, déclarant :
« Pourquoi une entreprise de 77 milliards de dollars qui peut absolument se permettre de payer la facture a-t-elle besoin de millions de dollars publics pour couvrir les coûts de formation et les salaires ? Les contribuables ne subventionnent-ils pas simplement leurs 'investissements communautaires' et la valeur actionnariale ? »
Cette allocation contraste fortement avec une précédente subvention du FDC en 2022, où Agnico Eagle s'était associée au Northern College, recevant 4,58 millions de dollars pour former 146 travailleurs, soulignant une divergence notable dans le financement par stagiaire pour des nombres similaires d'individus.
Implications pour le marché et contexte économique plus large
L'enquête en cours et le débat public entourant le FDC introduisent un élément d'incertitude pour les entreprises impliquées dans la controverse, pouvant potentiellement avoir un impact sur leur perception publique et, dans certains cas, le sentiment des investisseurs. La situation jette également une lumière négative sur la gouvernance d'entreprise au sens large et la transparence des dépenses gouvernementales. Les préoccupations sont accrues, car le financement annuel du FDC a augmenté de 800% depuis la pandémie, dépassant désormais le déficit de financement opérationnel des collèges identifié par le propre groupe d'experts du gouvernement Ford.
Le contexte de cet examen minutieux inclut les perspectives économiques difficiles de l'Ontario. Le Bureau de la responsabilité financière (FAO) prévoit que le taux de chômage annuel de l'Ontario atteindra 8% d'ici l'année prochaine, soit une augmentation de 35% par rapport au moment où le gouvernement actuel a pris ses fonctions. Certains centres métropolitains, tels que Windsor (11,1%) et Toronto (8,9%), connaissent déjà des chiffres de chômage plus élevés. Parallèlement, la dette publique de l'Ontario devrait atteindre 549 milliards de dollars d'ici 2029/2030, soit une augmentation de 70% par rapport à 2017. Le déficit budgétaire devrait s'aggraver, passant de 1,3 milliard de dollars en 2024-25 à 12,0 milliards de dollars en 2025-26, sans équilibre prévu sur la période de prévision. La croissance du PIB réel devrait ralentir pour atteindre 0,9% en 2025 et 1,0% en 2026, en grande partie en raison des tarifs américains.
Le président de l'OPSEU/SEFPO, JP Hornick, a établi des parallèles avec un modèle similaire qui a échoué en Australie, où des milliards auraient été gaspillés auprès de fournisseurs privés à but lucratif. Hornick a souligné l'importance des institutions publiques :
« Nous avons besoin d'un investissement stable et à long terme dans nos collèges et d'opportunités de formation professionnelle significatives pour traverser cette tempête. Pas de récompenses ponctuelles qui pourraient vous laisser en difficulté l'année suivante. »
Ce sentiment souligne une préoccupation plus large selon laquelle « Nos collèges sont systématiquement sous-financés », comme l'a noté Hornick, tandis que les fonds publics sont acheminés vers des entités privées, dont beaucoup ne sont pas soumises aux mêmes exigences strictes de déclaration et de divulgation que les collèges publics. Alors que le budget 2025 du gouvernement décrit des mesures telles qu'un crédit d'impôt à l'investissement manufacturier « Fabriqué en Ontario » amélioré et le Compte de protection de l'Ontario pour soutenir les entreprises face aux tarifs douaniers, la controverse sur le FDC suggère une déconnexion dans la manière dont les fonds publics sont déployés stratégiquement pour le développement de la main-d'œuvre.
Perspectives : Vigilance accrue et réévaluation des politiques
L'enquête du Vérificateur général est appelée à accroître l'examen public et réglementaire des entreprises ayant bénéficié de subventions du FDC. Les implications à long terme pourraient inclure une surveillance plus stricte des programmes de financement gouvernementaux, des dommages juridiques ou de réputation potentiels pour les entités reconnues coupables d'avoir mal utilisé les fonds publics, et une réévaluation plus large de la responsabilité sociale des entreprises en relation avec les subventions publiques. La transparence et la reddition de comptes des futures initiatives de financement gouvernementales seront probablement soumises à un examen accru, ce qui aura un impact sur les entités des secteurs public et privé impliquées dans le développement de la main-d'œuvre et les programmes de relance économique.
source :[1] Au milieu de la controverse sur le Fonds de développement des compétences, l'OPSEU/SEFPO s'en prend aux subventions de plusieurs millions de dollars aux entreprises : « Où est passé tout cet argent ? » (https://finance.yahoo.com/news/amidst-skills- ...)[2] L'OPSEU/SEFPO tire la sonnette d'alarme sur le programme accéléré visant à vider l'éducation publique par le biais des 2,5 milliards de dollars de dépenses non comptabilisées du gouvernement Ford via le Fonds de développement des compétences (https://vertexaisearch.cloud.google.com/groun ...)[3] Perspectives économiques et budgétaires, été 2025 – Bureau de la responsabilité financière de l'Ontario (https://vertexaisearch.cloud.google.com/groun ...)